-La Soirée où ils ont essayé de choper des meufs étrangères.-
20h00
Ferdi:
A ce moment là, rien ne va plus.
J'ai passé un après-midi constructif et riche en émotions vidéo-ludiques, en témoigne ma superbe victoire face à Stobbart, mon rival de toujours, sur le jeu Naruto Ultimate Ninja Storm 3.
C'est donc avec enthousiasme que je m'apprête à revêtir mon équipement du samedi soir, constitué d'artefacts de charme, de puissants objets supposés m'apporter gloire et femmes dévêtues.
Or, au moment où je me penche pour récupérer mes vêtements, HORREUR!
J'ai sous les yeux un pantalon dont la poche est déchirée, des chaussures trouées et une impressionnante collection de T-shirts noirs plus ou moins propres:
impossible de capturer des pokémons légendaires (ou des filles) avec un stuff comme celui-ci.
Alias:
Le pantalon noir troué de Ferdi n'était définitivement pas en adéquation avec les exigences vestimentaires de nos soirées PCP , même si ce revers pouvait sonner le glas de l'un et la victoire assurée de l'autre.
(Je m'emporte. Il n'est que 20h. J'ai déjà bu).
Toutefois, la trop grande affection que je porte à mon acolyte, mais surtout l'effroi que je pourrais ressentir à l'idée d'attirer, seul, la chalande égarée, me pousse à le tirer de ce mauvais pas.
Badger est là, ses vêtements aussi : il était la solution.
Au grand déplaisir de Ferdi, connu pour son goût prononcé du noir , au grand plaisir de Badger et sous le regard amusé de Parker , joyeux drilles facétieux aux bons mots légendaires
(ses heureux colocataires, par la même occasion) Ferdi allait adopter la Badger 'attitude,
où la couleur prédomine.
Adieu sa propension permanente au noir : le Technicolor allait faire son apparition
( du moins pour la soirée ) .
Finalement, cette volte-face vestimentaire ne le perturbait guère, comme si elle était la promesse d'une belle rencontre , la certitude d'une victoire sur la gente féminine, l'assurance
d'une soirée PCP réussie.
Conscient que je passais peut-être à côté de la chance de ma vie
(du moins à côté d'une "party" réussie), je décide de le suivre dans cet écart de style improvisé :
de gandin fringuant, je passe donc au gothique avenant (c'est du moins ce que me sort Pornstar ,
ami de Badger).
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Le muscle de la grenouille et l'oeil du tigre |
La soirée PCP se transformait au fur et à mesure en soirée déguisée. Ce n'était pas plus mal.
Dès lors, abreuvés d'alcool, repus de carambars et stimulés par l'effervescence de tous nos camarades, nous sortions, déterminés, une bouteille de Leffe à la main, les conseils de nos comparses gravés dans l'autre, le chant des révolutionnaires à la bouche et le poing levé fièrement vers Paris.
Il est 21h30 : maintenant, tout devient possible !
21h30
Ferdi:
On chante d'ailleurs à tour de rôle jusqu'au bar qui se trouve dans le quartier du Panthéon, point de départ officiel du troisième épisode de "Un An pour Convaincre".
Lorsque je pénètre à l'intérieur de ce dernier (Alias s'est souvenu que c'était un bar pour mecs cools) j'ai comme un sentiment de déjà-vu.
Ce n'est que lorsque je vois une vache en haut d'une étagère que je comprends que nous sommes au cœur de l'historique Piano-Vache.
22h
Alias :
Bar légendaire de mon adolescence au même titre que la Bodeguita del Medio de Hemingway ou la Taverne de Moe d'Homer, le Piano Vache était le spot rêvé pour une soirée PCP :
l'ambiance et la musique jouait pour beaucoup, les shooters à 2 euros aussi, le shooter vodka-caramel se transformant presque en madeleine de Proust.
Ce n'était pourtant plus le cas aujourd'hui. Transformé en after work du jeudi soir pour JCD proche de l'archétype houellbecquien, le Piano Vache s'était profondément défiguré:
calqué sur une cantine d'entreprise, vidé de sa clientèle accoudée sur le bar en zinc
(ça rappellerait trop la machine à café du boulot) , annihilé par une musique d'ambiance rock underground dévoyée en musique mainstream grâce à la perfidie des vidéos discos, il ne manquait plus que les abat-jour en sacs Monoprix et un vigile à l'entrée pour rendre ce lieu quasi-hostile.
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Alias "Invasion Los Angeles" aborde la chalande du Piano Vache |
Malgré un regard féminin furtif, deux bières et trois voisins de table agréables, nous décidons de quitter les lieux sur le champ. Il n'est que 23 h.
00h30
Ferdi:
Notre début de soirée ressemble fortement à un préliminaire foireux, genre tu te rends compte que l'autre pue et ça te casse complètement.
Tu as beau faire semblant, te dire que dans le rush ça va passer, que vos sueurs entremêlées vont couvrir les relents de marée-basse, tu sens bien que c'est un échec.
On ne peut continuer cette soirée seuls.
Chaque bar devant lequel on passe est moins avenant que le précédent (le Student Bar en est l'illustration parfaite), ces lieux m'évoquant plus une fille ivre de fin de soirée qui chante faux plutôt qu'une princesse charnelle et arachnéenne qui me tiendrait dans ses rets par la seule force de son regard.
Et ma métaphore filée de continuer puisque ce sont de multiples coups de fil qui vont suivre cette déchéance naissante. Le téléphone, outil vital du bon chasseur de PCP, arme du séducteur moderne, ne m'est pas pour autant d'une grande utilité à ce moment.
En effet, chaque camarade sollicité répond à la négative: ce soir, il semble souffler comme un vent de démotivation générale desservant totalement nos fiers desseins.
00h30
Alias :
Paris s'était couché à minuit ce soir là. C'était du moins la sensation que l'on avait après avoir écumé tous les numéros de notre répertoire.
Une exception à la règle: José, un de mes camarades d'infortune du Cours Florent qui nous proposait une soirée ÉNORME dans une baraque ÉNORME avec des filles DÉMENTES
(je ne fais que traduire typographiquement l'enthousiasme de mon camarade, déjà présent à la soirée).
Transis d'émotion, nous étions, à cet instant, prêts à tout pour nous rendre à cette sauterie:
faire des kilomètres à pieds, marcher sur des rocs, escalader des pics , traverser des caps! Que dis-je, traverser des caps? Parcourir des péninsules !
Malheureusement pour nous, la soirée avait lieu à Mantes-la-Jolie. Hors, Mantes-la-Jolie faisait exception à la règle.
Il était 00h30: j'avais presque envie de suivre mes camarades dans leur rencard avec Morphée.
00h40
Ferdi :
Le salut vient finalement du côté d'Alias.
Deux de ses très bons amis, Verlaine et Rimbaud, sont actuellement dans un bar, Le Petit Café, tout près du Piano Vache, non loin de notre position actuelle.
Nous nous y rendons avec entrain, conscients qu'il s'agit peut-être de notre ultime chance de voir cette soirée rebondir et de nous entraîner vers des contrées pleines de luxure et de subtiles décadences.
Le lieu est classique, les prix aussi (donc bien trop chers à mon goût) et s'il y a bien quelques femmes sur la terrasse extérieur, l'intérieur n'offre qu'un champ restreint de possibilités se limitant à un couple d'anglaises , discutant joyeusement en savourant un vin blanc, sûrement formidable vu leurs mines réjouies.
Il faut savoir que pour ce soir, je tente la technique des trois voies de Naruto.
Afin que les évènements qui vont suivre cette déclaration ne soient pas trop obscures, une petite explication s'impose.
Naruto est un manga à succès ( une soixantaine de tomes parus à ce jour ) dans lequel on trouve de charismatiques ninjas aux pouvoirs incroyables, souvent assez brillamment mis en scène.
Pour utiliser ces pouvoirs, les protagonistes malaxent du Chakra (une énergie qui coule dans les veines de tout bon ninja qui se respecte).
Grâce à ce Chakra, ils peuvent utiliser un panel plus ou moins large de techniques, selon leur niveau, qui sont regroupées en trois types...
Vous suivez toujours? C'est là que ça va devenir intéressant.
Les trois types de Justus (compétences ninjas) que l'on retrouve dans Naruto, sont:
-Le Taijustu: Art de combattre au corps à corps.
Il nécessite un solide entraînement physique mais permet d'infliger de lourds dégâts directs.
-Le Genjustu: Ensemble des techniques liées à l'illusion.
Tout ce qui est manipulation de l'esprit, du rêve, se trouve ici, à haut niveau: c'est le plus puissant.
-Le Ninjutsu: Art d'utiliser les techniques ou les outils ninjas tels que les shurikens, les pièges explosifs, les parchemins magiques etc… de loin les techniques les plus fourbes.
Bien entendu, il ne s'agit pas pour moi de flanquer une rouste à la fille de mes rêves afin de la séduire: cela ne fonctionnerait sans doute pas. Il faut plutôt voir ça métaphoriquement.
Comme un exemple vaut mieux qu'une longue explication supplémentaire, mettons ceci en pratique.
Je suis assis dans le bar et je sais que derrière moi se trouvent les deux anglaises.
L'une d'elle est d'une beauté puissante, chose qui me ferait presque oublier la bouffe et le climat merdique de son pays.
Je n'ai absolument pas l'habitude d'aborder les filles du fait de la confiance plus qu'approximative que je place en moi-même, mais pour "Un An pour Convaincre", pour Alias et pour vous, je me lance, sans filet, vers les hautes sphères de la drague.
J'approche d'un pas que je veux le plus assuré possible vers la table du fond où sont placées les deux jeunes femmes.
La première voie de Naruto que j'utilise, c'est celle du Ninjutsu.
En l'occurrence mes outils ninjas sont quatre carambars qui attendent patiemment au fond de ma poche.
A peine arrivé près d'elle, je me lance dans un anglais compréhensible mais grammaticalement ultra bancal:
"Hey! Do you know "Carambar "? No? Oooooh. Ok! This a "Carambar", a sweet Candy that children eat in the… "
Je me retourne vers le barman et demande comment on dit "cours" en anglais. Il hausse les épaules .
In the pause!
J'ai le temps de voir qu'elles sont pour l'instant captivées: je continue donc mon petit manège.
"And, in this "Carambar", you have jokes, very funny and children like it! When i was a child, I was a fan of it! But, you know… Soon it will be over, no more joke, no more "blagues", Here you are maybe a few of last "Carambars" with joke in the world… aaaaaannnd… This for You."
Et là, je leur tends deux carambars et comme je veux optimiser le rendu G.P.S. (Garçon Parisien Sympathique), j'en offre un au barman et un à la barmaid derrière le comptoir.
Ils sembleraient presque m'encourager du regard.
Il faut savoir que j'ai toujours l'armure de séduction de Badger: ma petite chemise et mon Levi's.
J'ai donc toutes les chances de mon coté.
La plus jolie me fait de grands sourires à tomber par terre, sa pote en face semble nettement plus dubitative, peut-être parce que je l'ai ostensiblement ignoré jusque là.
Ne voulant pas gâcher ma petite victoire en lançant une deuxième technique qui pourrait être un échec, je me retire, revenant vers ma table, le sourire aux lèvres.
Alias :
Ferdi avait bel et bien transformé son premier essai:
-même si la plus jolie était plus polie qu'autre chose;
-même si la moins jolie était plus polie qu'autre chose;
-même si les deux serveurs étaient encore plus polis que d'habitude;
-même si Verlaine ne comprenait pas pourquoi il n'avait pas poussé la drague jusqu'au bout.
Toujours est-il que cette tentative n'était pas vaine puisque qu'elle nous avait galvanisé pour le reste de la soirée.
Plein d'entrain, nous écumions à nouveau tous les numéros de nos répertoires, quitte à perturber le sommeil des uns ou les insomnies des autres. Nouvelle victoire pour Ferdi:
Lady Sheepy et Rackham sont d'humeur badine.
Consensus parfait sur l'orientation de la soirée. Direction Châtelet.
01h30
Ferdi :
L'irish Pub de Châtelet...
On est déjà venu dans cet endroit avec Lady Sheepy et Rackham, une de ses amies que je trouve très jolie, accessoirement étudiante en cinéma !
J'avais d'ailleurs terminé cette soirée en montrant mon cul et en m'asseyant sur le billard pour montrer à quel point j'étais nul.
Il faut savoir qu'à la base, je déteste Châtelet. Pour moi, c'est la bouche de l'enfer.
J'ai l'impression que les escalators vomissent des hectolitres de médiocrité parisienne chaque minute. Tout y est dégueulasse, les gens sont stupides quand ils ne sont pas dangereux, les prix sont sales, les lieux souvent glauques. Bref, moins j'y vais, mieux je me porte.
Cela dit, cet Irish Pub suinte l'étudiante étrangère. Ce dernier regorge d'échos aux accents british, de mini-jupes scandinaves et de latine cyprine.
Nos nasaux expérimentés nous mènent donc naturellement en ces lieux.
On boit un coup et je repère assez rapidement une jolie femme qui discute avec son amie: pas de technique Ninja particulière pour cette fois, j'y vais au feeling.
Ferdinand (enthousiaste)
Hi! Where do you come from?
Bolivie (souriante)
Hi, i'm from Bolivia!
Argentine (moins souriante)
And me from Argentina!
Ferdinand (galvanisé)
Very cool! The only thing i know about Argentina it's that you have the best meat of the world and that's you may be, by the past, an economic power like in the Paul Verhoeven' Starship Trooper, he anticipate that in the futur you will be very rich and... it's not that no?
Argentine (dubitative)
No so much.
Je tente d'ouvrir le dialogue avec Argentine même si Bolivie m'attire carrément plus:
elle est plus charnelle, plus souriante, plus pétillante et plus sexy. Elle a ce qu'il faut, là où il faut.
Ça se passe assez bien, on dit qu'on tient un blog sans préciser la teneur de ce dernier et je me dis que si ça se trouve, j'ai le PCP en face de moi.
Sauf que c'est le moment que choisissent Rackham & Lady Sheepy pour ramener leurs miches.
Du coup, je m'excuse auprès de nos nouvelles copines et je paye une tournée à toute ma bande.
Rackham (charmeuse)
Alors, ça se passe bien?
Ferdinand (résigné)
Ouais... mais mon objectif c'est de trouver des meufs à embrasser, et ça marche pas des masses.
Rackham (joueuse)
Et nous?!?
Je me dis qu'elle a raison, j'aimerais bien l'embrasser, je veux dire, y a pas de problèmes, mais Rackham a un copain et je suis un mec cool, un mec cool ça ne fait rien avec les meufs maquées
(sauf en cas de force majeure mais je vous en reparlerai).
01h40
Alias :
Je me dis qu'il a définitivement une ouverture avec Rackham, qu'il devrais l'embrasser, que rien ne peut entraver ce baiser quasi-assuré mais non, Rackham a un copain et Ferdi est un mec cool, un mec cool ça ne fait rien avec les meufs maquées.
En tout cas, nous décidons de nous engouffrer définitivement dans le sous-sol, en quête du désormais légendaire PCP ou d'un simple baiser selon les dires de Ferdi (et son ambition du moment).
Dans l'immédiat, nous recherchions une table vide!
01h50
Ferdi :
Au sous-sol, on continue à boire des coups et on tente de faire une mise en situation avec nos copines pour voir si on drague bien. Du coup, on me demande ce que je dirais à Rackham pour l'aborder.
On est face à face. Je suis supposé la regarder dans les yeux. C'est déjà un challenge pour moi.
"Tu as une beauté froide mais tu sembles cacher quelque chose de chaleureux."
Oui, je viens vraiment de dire ça.
Mon dé enchaîne deux 1 d'affilé: ça ne marche pas.
Il faut que la soirée reparte ou alors que je boive plus: les deux pourraient sans doute fonctionner correctement ensemble.
01h52
Alias :
Conscient que je ne pouvais pas faire pire que Ferdi dans cette mise en situation qui ressemblait plus à un Speed Dating qu'autre chose, je balance le premier lieu commun de drague qui me vient à l'esprit:
"C'est dingue…(temps)… Dis-moi…(temps)… Qu'est-ce qu'un…(temps)…Qu'est-ce qu'une jolie fille comme toi fait ici ?" ( suicide social !!! )
J'ai dû mettre au moins une minute pour balancer cette phrase dans son intégralité mais 1/1000ème de seconde pour déjà regretter de l'avoir sorti.
Du coup, je ne sais pas si c'est dû à la médiocrité ou l'extrême médiocrité de ma phrase, mais Lady Sheepy me dit, compatissante: "Je vais te donner quelques conseils!"
Aussitôt dit, aussitôt fait. Face à face, droit dans les yeux, elle me balance de façon hypnotique:
"Essaie la stratégie de la clope. "
Stratégie éculée au même titre que le " Tu fais quoi dans la vie ", la stratégie de la clope repose uniquement sur le fait de solliciter ou d'être sollicité pour une cigarette ou tout autre accessoire utile au processus d'allumage de cette dernière.
Le temps que Lady Sheepy me prodigue d'autres conseils, me voilà déjà en train d'escalader en trombe les escaliers, impatient de mettre en pratique cette nouvelle stratégie.
2h00
Ferdi :
Ferdi
…
Rackham
…
Ferdi
…
Rackham
...
Ferdi
…
Rackham
...
Ferdi
…
Rackham
...
Ferdi
…
Rackham
...
Ferdi
…
Rackham
...
C'est pas qu'on ne s'est rien dit, c'est juste que je ne m'en souviens pas.
2h01
Alias :
Conscients que Ferdi et Rackham avaient énormément de choses à se dire, Lady Sheepy et moi prenions tout notre temps pour faire la connaissance de Philadelphie et Angleterre, deux étudiantes américaines et anglaises en séjour à Paris.
La clope à la main, je mets en place la stratégie de la clope (anglophones de tous les pays,
fermez vos yeux! )
Alias (sérieux)
Do you have some fire?
Philadelphie (souriante)
Yes!
Elle me tend le feu.
Alias (reconnaissant)
Thank you!
J'essaie maladroitement d'allumer ma cigarette dans le vent.
Philadelphie
…
Lady Sheepy (en aparté)
Est-ce qu'il a déjà allumé une cigarette?
Après une dizaine de tentatives, je parviens à allumer la moitié de ma cigarette.
Alias (sérieux et impliqué)
You're here for studies?
Philadelphie
Yes! In fact, I came here to study french!
Alias (impliqué)
Great!
Philadelphie
As same as my friend!
Alias ( TRÈS intéressé)
Great!
Philadelphie
For four months!
Alias (concerné)
Great
Philadelphie
You know The Catholic University?
Alias (sérieux)
Great…(me reprenant)…Yes…
Philadelphie
That's where I study!
Alias
Great! Like my mother (pourquoi je parle de ma mère!!!)
Philadelphie
And you? Where are you from?
Alias (confus)
From here…I mean Paris...
Philadelphie
Great!
Alias
GREEEAAAATTTTTT!!!
Philadelphie
And you study too?
A cet instant, je voulais lui dire que j'avais fini mes études de théâtre, de cinéma et d'audiovisuel, que j'aspirais à faire de la réalisation et que j'avais l'intention de monter une société de production avec quelques bons amis.
Toutefois, afin de réduire les chances de lui parler dans un anglais aussi approximatif que celui de Ferdi , je lui réponds: "YES"
Philadelphie
Great!!!
Alias (songeant au fait qu'elle avait peut-être des problèmes avec sa langue maternelle à force de répéter "great")
Awesome !!!
Lady Sheepy (dans un anglais plus approximatif)
You stay long hiiiirrrre???
"You're here for a long time?" pour ceux qui n'auraient pas compris.
Philadelphie
Yes!
Lady Sheepy
Cool…Last week, we have a Party…You know party?
"Next week" pour ceux qui n'auraient toujours pas compris l'utilisation originale de la langue anglaise par Lady Sheepy...
Philadelphie (amusée)
YEEESSS….OF COOOUUUURRSE!!!
Lady Sheepy (enthousiaste)
Cool…Because you can come…you and your friend...
Philadelphie (ravie)
Great! Give me your number!
A cet instant, la scène devient surréaliste. Lady Sheepy donne son numéro puis se rétracte…
Lady Sheepy (dans l'espoir que je récupère son numéro)
En fait… Sorry…In fait…I don't rimember my phone…
Philadelphie (intriguée)
Sorry?
Lady Sheepy (s'enfonçant dans l'espoir que je récupère son numéro)
In fait…I am not sure my number…I don't remember…Take my friend.
Alias (enthousiaste)
Yes,TAKE ME…(me rétractant) I mean my phone number…
Philadelphie
Don't worry…I'll try now…
Alias (songeur)
...
Lady Sheepy (ridiculement embarrassée)
Now,…really…my phone…kaput!
Alias (en aparté)
WTF?!?
Philadelphie
Really? You know what, I'll just try…
Alias (méditatif)
...
Lady Sheepy (au paroxysme de l'embarras)
No, riillly…VERY KAPUT!!!
Philadelphie
OK. Finally, I'll take your number!
Alias (faisant semblant de ne pas comprendre)
Number?…My number…If you insist…
AU FINAL, elle avait mon numéro…AU FINAL, j'avais le sien par texto…AU FINAL, j'allais draguer sa pote…
(PS: il fallait maintenant qu'on trouve une soirée pour la semaine prochaine!)
2h30
Ferdi :
OH.MY.GOD.
Alias vient de descendre avec DEUX meufs!
Je suis scotché: une pulpeuse blonde et une merveilleuse asiatique viennent se joindre à nous.
Genre, c'est vraiment en train de se passer, elles sont vraiment là, sous mes yeux ébahis, nous saluant avec un anglais britanérotique de circonstance.
Fou battle.
On s'installe à une table mais Lady Sheepy trouve que la disposition n'est pas optimale pour qu'on puisse draguer en toute sérénité. Elle nous replace. A cet instant, je lui suis très reconnaissant.
Comme il y a de la musique, Philadelphie tapote sur le canapé à coté d'elle pour que je me rapproche et qu'on puisse s'entendre.
Ohmygod, j'vais enfin SERRER!
Alias :
La stratégie de la clope était finalement un franc succès.
Du coup, une question existentielle me traversait fugacement l'esprit : je commence par les lights ou les roulées?
2h40
Ferdi :
Je discute avec Philadelphie. Il est temps de mettre en pratique le Genjustu: la technique de l'illusion.
Je commence à lui parler dans mon anglais merdique, de tout et de rien, mais je crois que je développe une théorie intéressante car lorsque Lady Sheepy veut me parler, je lui lance un "Laisse-moi finir" intransigeant.
J'utilise toutes les subtilités de l'illusion: sourire charmeur, mouvements assurés et humour savamment placé.
A cet instant, je gagne clairement des points de charisme.
Philadelphie commence à me trouver carrément cool, en partie grâce à mon déguisement de charmeur, j'imagine! (jean levi's et petite chemise de bûcheron pour rappel).
Alias :
Ma volte-face vestimentaire semble être un franc succès auprès d'Angleterre. Elle me dit que mon T-shirt Rob Zombie est swag: je n'ose pas lui dire merci, du coup, je l'invite à danser sur la table .
![]() |
Philadelphie & Lady Sheepy sur la table |
A partir de là, je ne contrôle plus rien… ma mémoire non plus...
3h00
Ferdi :
Les filles montent se chercher à boire et je me mets à danser en bas avec Rackham.
C'est à ce moment précis qu'il se passe un truc vraiment fou.
Alias et Lady Sheepy nous rejoignent. On commence à danser comme des fous, enthousiasmés par l'alcool.
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Alias & ses drôles de dames |
Quand Philadelphie vient vers moi, je tente la technique du Taijustu, le combat au corps à corps, en dansant tel un cabri sous acide.
Alias :
A cet instant, j'aurais pu lui dire que je connaissais les Beatles, Blur, les Ramones, Kipling, que j'étais un féru de la littérature d'Oscar Wilde et de Virginia Woolf, que j'étais fan de Danny Boyle et d'Anthony Minghella…mais non…ce que je connaissais de l'Angleterre… c'était les filles excentriques!!!
Je me sentais con…Elle se marrait…Aimait-elle les cons?
3h05
Ferdi :
Mec, je bouge mon corps comme un fou, Philadelphie me regarde, elle me kiffe?
Alias :
Je découvre avec émerveillement tout ce qu'on peut faire avec un gilet en cuir…Je l'enlève…Je le remets…Je l'enlève…Je le remets…Je l'enlève…Je le fais tourner nonchalamment avec le doigt…J'ai trouvé MON gimmick de la soirée…Ca fait rire Angleterre…Elle doit vraiment aimer les cons dans mon genre!
3h10
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On commence à danser |
Ferdi :
Mec, y a des gens qui viennent danser avec nous: je suis bourré mais je crois bien qu'on est en train de devenir les vecteurs principaux d'un phénomène qui nous dépasse!
Alias :
Les mecs lâchent leur queue de billard pour ramener la leur!
Angleterre est en transe! J'ai envie de gueuler le "God Save The Queen"!
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Alias est chaud |
3h15
Ferdi :
C'est vraiment incroyable: y a plus d'une dizaine de personnes avec nous.
J'ai envie de demander à Philadelphie si elle aussi elle entend "T'aimes les gnocchis! les gnocchis! à t'es okay daddy" dans le morceau Smooth Criminal de Mickael Jackson mais je me souviens qu'elle ne parle pas français.
Du coup, je continue à danser comme un fou. Rackham me signale que je danse bien, je lui dit qu'elle aussi: je suis trop dans l'moove baby.
Alias :
Deux mains me touchent légèrement le cul ! Je crois que j'ai définitivement toutes mes chances avec Angleterre!
3h20
Ferdi :
Ça devient légèrement flou, là.
Je sais que je danse, les gens sont partout, une battle de danse s'improvise, ça me rappelle clairement mes expériences new-yorkaises.
Alias :
Grossière erreur: ce sont les mains de Ferdi!
3h26
Ferdi :
Oh My God: Alias vient de glisser sur le sol tel un Travolta disjoncté. Il bouge son corps sans se relever tel un prince des Mille et une Nuits au milieu d'un harem… ou tel une algue.
Alias :
Je n'ai plus de jambe (ni de pantalon) mais ça en valait la peine!
Je commence une approche sur LMFAO…en espérant qu'ils n'enchaînent pas sur du Gilbert Montagné!
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Ouais, y'a limite tout le bar en fait |
Ferdi :
Je chope une queue de billard et j'organise un concours de limbo.
La dernière fois que j'avais entamé ça, c'était lors d'un fameux jour de l'An et tout le monde avait terminé à poil...
3h30
Ferdi :
...
Alias :
...
4h10
Ferdi :
J'aurais pu danser avec elle, je pense qu'elle le voulait, j'aurais pu emmener Philadelphie deux Etats au dessus (de l'Ohio), mais vu l'état dans lequel j'étais, je ne pouvais pas prétendre à remuer sa géographie.
J'ai jamais su danser à deux de toute façon.
Alias :
A cet instant de la soirée, je n'ai jamais été aussi proche d'Angleterre.
La guerre de Cent Ans n'aura pas lieu. J'espérais discrètement l'inverse.
4h15
Ferdi :
J'aurais pu lui dire qu'elle était belle, qu'elle était pleine de charme et que j'avais envie de découvrir l'intégralité de son pays, là, tout de suite, sur le dancefloor.
mais je ne m'en souviens pas et honnêtement, je ne pense pas que j'ai dit des trucs comme ça.
Tout ce dont je me souviens, c'est que vers la fin, un mec chelou s'approche de Lady Sheepy et qu'elle lui lance un sonore "WHOWHOWHO!" du genre "recule mec, ça va pas l'faire".
Le gars décroche et s'approche de Philadelphie et du coup c'est à moi de lancer un "WHOWHOWHO" pour le faire fuir.
La technique fonctionne et Philadelphie m'attrape le bras pour me remercier, en mode "mon héros!".
Je suis hyper satisfait.
Alias :
Survolté par la musique et électrisé par Angleterre, j'aurais pu mettre en pratique, sur elle, le porté final de Patrick Swayze dans Dirty Dancing, quitte à ce qu'elle termine comme François Cluzet dans Intouchables.
Heureusement pour elle, c'était la pause cigarette (pourvu que personne dehors ne connaisse la stratégie de la clope!).
5h00
Ferdi :
Le Bar ferme. On se retrouve dehors.
On décide de raccompagner les filles à leur bus "For safety", dis-je tel un gentleman.
Je gagne encore quelques points, mais ça n'ira pas plus loin pour ce soir.
On a quand même récupéré leurs numéros et on leur propose une grosse soirée la semaine prochaine, des fois qu'elles retombent dans le panneau.
Sur le chemin, on discute . Je parle avec Angleterre, de culture il me semble, pendant qu'Alias drague MA Philadelphie.
Arrivés devant l'arrêt de bus , je fais la bise à mon asiatique. Lady Sheepy, sentant la dernière chance arrivée, lance dans un élan de désespoir :
"What this Kiss?? Do the Smack!!"
C'était clairement l'une des phrases de la soirée!
Mais je tiens mon rôle de mec cool jusqu'au bout et je me contente de sourire à Philadelphie en lui souhaitant un bon retour…
J'en aurais bien fait mon pti déj quand même…
5h30
Alias :
Je me dis qu'il a définitivement une ouverture avec Philadelphie, qu'il devrait l'embrasser, que rien ne peut entraver ce baiser quasi-assuré mais non, Philadelphie est avec une amie et Ferdi est un mec cool, un mec cool ça ne fait rien avec les filles qui ont des amies.
Pour ma part, la soirée aurait pu se terminer de façon plus chaotique : je ne pouvais ni enregistrer le numéro d'Angleterre ( téléphone HS ) ni son nom ( cerveau HS ), mais j'avais le numéro de Philadelphie: l'honneur est sauf!
Du coup, nous repartions légers vers Aubervilliers.
Deux chansons collégiales dans le bus, 15 minutes d'attente pour le bus suivant et trois carambars plus tard, nous voilà de retour à notre point de départ.
Il est 6h du matin : nous hésitons entre le nanar du samedi soir et les dessins animés abrutissants du dimanche matin: le choix se révèle cornélien. Du coup, on se couche.
06h15
Ferdi :
(léger ronflement)
Alias :
PS: J'ai ENCORE oublié de boire mon verre d'eau pour décuver…Pas de PCP pour ce soir … MAIS on a un an pour convaincre …